Au sous-sol du musée, le visiteur peut également se rendre au niveau de l’une des nécropoles de Toulouse avec notamment la présence des vestiges d’un grand four à chaux et d’une extraordinaire collection de sarcophages de la fin de l’Antiquité.
L’incontournable Musée Saint-Raymond
Pourquoi le visiter ?
Le Musée Saint-Raymond de Toulouse dispose tout simplement de la deuxième plus importante collection de sculptures romaines de France après celle du Louvre.
Le Musée Saint-Raymond est unique en son genre à Toulouse : il s’agit du musée d’archéologie de la ville, dédié aux Antiques de Toulouse et de sa région. On y découvre de manière vivante comment la cité s’est développée de l’époque gauloise à l’époque romaine puis wisigothique. La richesse des collections – bijoux celtes en or, sculptures romaines, objets du quotidien, etc. – permet de mieux comprendre l’histoire locale dans un cadre pédagogique et accueillant. La muséographie intègre de nombreux dispositifs ludiques et interactifs, rendant la visite attractive pour tous les publics, des passionnés d’histoire aux familles en quête de découverte.
Un collège du XVIe siècle devenu musée
Le bâtiment qui abrite le musée est lui-même chargé d’histoire. Fondé au XIIIe siècle comme collège universitaire, il a été reconstruit en 1523 dans un style Renaissance utilisant la brique locale. Cet ancien « collège Saint-Raymond » servait à l’origine de résidence aux étudiants pauvres venus étudier à Toulouse. Saisi à la Révolution puis racheté par la ville au XIXe siècle, il a échappé aux démolitions lors du percement de la place Saint-Sernin. Restauré par Viollet-le-Duc dans les années 1870, le bâtiment a finalement ouvert ses portes comme musée d’archéologie en 1892. Classé Monument Historique, il témoigne encore aujourd’hui de l’architecture universitaire toulousaine du XVIe siècle.
Au cœur de Toulouse historique
Situé en plein centre, le Musée Saint-Raymond profite d’un emplacement privilégié au pied de la basilique Saint-Sernin, chef-d’œuvre roman emblématique de Toulouse. La création de la vaste place Saint-Sernin au XIXe siècle a dégagé le musée dans un environnement historique exceptionnel. Avant ou après la visite, on peut flâner autour de la basilique et apprécier ce quartier riche en patrimoine. Le musée lui-même dispose d’un petit jardin d’inspiration méditerranéenne où l’on peut voir la reconstitution d’une fresque romaine, rappelant que l’Antiquité s’invite même à l’extérieur. Ce cadre paisible, en retrait de l’agitation urbaine, rend la découverte du musée encore plus agréable.
Parcours de visite sur trois niveaux
La visite du musée s’organise sur trois étages, chacun consacré à une période ou un thème. Au deuxième étage, place à la Toulouse antique : les premières salles plongent le visiteur chez les Gaulois puis dans la Tolosa gallo-romaine, avec des objets archéologiques découverts sur les sites de la région. Toujours au même niveau, on découvre Toulouse au début du Moyen Âge, lorsque la ville fut brièvement une capitale du royaume wisigoth. Au premier étage, le parcours s’intéresse surtout à l’art et à la statuaire romaine, avec une impressionnante collection de sculptures issues d’une riche villa antique. Enfin, le sous-sol du musée révèle in situ les vestiges d’une nécropole paléochrétienne et d’un four à chaux découverts lors de fouilles, intégrés astucieusement au parcours. Des audioguides, maquettes et jeux disséminés tout au long de la visite permettent d’approfondir les contenus de façon ludique.
Les collections permanentes
Traces de la Toulouse gauloise
Bien avant l’arrivée de Rome, la région toulousaine était occupée par le peuple celte des Volques Tectosages. Le musée présente plusieurs objets issus de la Toulouse protohistorique, notamment deux remarquables ensembles de bijoux gaulois en or (torques et bracelet) mis au jour dans la région. Ces trésors témoignent du savoir-faire artisanal et de la richesse de l’aristocratie locale avant la conquête romaine. On découvre également l’implantation gauloise sur le site de Vieille-Toulouse (oppidum fortifié dès le IIe siècle av. J.-C.) grâce à des maquettes et des trouvailles archéologiques récentes. Cet aperçu de la période gauloise offre une introduction précieuse à l’histoire ancienne de Toulouse.
Tolosa à l’époque romaine
La Tolosa gallo-romaine, intégrée à la province de Narbonnaise, se dévoile à travers de nombreux objets du quotidien et œuvres d’art antique. Le musée conserve par exemple des mosaïques et sculptures provenant de villas et édifices romains de la région, dont un étonnant groupe de têtes sculptées découvert à Béziers. La vie quotidienne dans la cité romaine est évoquée par des céramiques, monnaies, outils et offrandes retrouvés lors de fouilles urbaines. On peut ainsi imaginer la ville antique animée par son forum, ses temples et ses thermes, à travers ces fragments d’histoire. Parmi les pièces phares figure une rare copie romaine du célèbre Discobole de Myron, retrouvée en morceaux près de Carcassonne : preuve que Toulouse et sa région étaient bien connectées à la culture romaine classique. L’ensemble de ces collections permet de mesurer l’empreinte de Rome sur Toulouse, entre romanisation de la société locale et héritages artistiques.
Toulouse wisigothe et haut Moyen Âge
Le musée aborde également la période trouble de l’Antiquité tardive et des débuts du Moyen Âge. Au Ve siècle, Toulouse devient la capitale du royaume wisigoth pendant quelques décennies. Les vestiges de cette époque sont rares mais éloquents : le Musée Saint-Raymond expose notamment des sarcophages paléochrétiens et divers objets mérovingiens et wisigothiques découverts dans la région toulousaine. On peut admirer, par exemple, une précieuse bague wisigothique en or sertie de grenats en forme de têtes d’aigle, symbole du raffinement artistique des élites de l’époque. Ces témoins archéologiques racontent la transition de Toulouse de la Romanité vers le Moyen Âge, entre continuités (usage du cimetière près de la basilique Saint-Sernin) et transformations politiques majeures.
Sculptures de la villa de Chiragan
L’une des fiertés du musée est la collection de sculptures romaines provenant de la villa de Chiragan, un vaste domaine gallo-romain situé à environ 60 km de Toulouse (site de Martres-Tolosane). Découvertes à partir de 1826, les œuvres de Chiragan constituent l’un des ensembles sculptés les plus exceptionnels de l’Empire romain en Gaule. Seules de prestigieuses villas italiennes comme celle d’Hadrien à Tivoli ont livré davantage de marbres ! Au premier étage du musée, le visiteur peut admirer une galerie de portraits d’empereurs romains issus de cette villa, dont un buste imposant de l’empereur Auguste. À leurs côtés, de grandes statues mythologiques, telles qu’une Athéna sans tête ou des reliefs illustrant les Travaux d’Hercule, témoignent de l’inspiration des propriétaires de Chiragan pour la culture gréco-romaine classique. Ces sculptures en marbre, taillées parfois localement (avec le marbre des Pyrénées de Saint-Béat), offrent un aperçu du luxe et du pouvoir de l’élite romaine installée dans la région toulousaine aux IIIe–IVe siècles. Leur mise en scène au musée est un véritable clou du parcours, permettant d’approcher au plus près l’art des statues antiques.
Vestiges archéologiques sous le musée
Le Musée Saint-Raymond ne se contente pas d’exposer des objets : il inclut lui-même un site archéologique accessible au public. Lors de travaux dans les années 1990, une centaine de tombes de l’Antiquité tardive ont été découvertes sous le bâtiment, vestiges d’une nécropole établie près de l’ancienne basilique paléochrétienne. Quelques sarcophages ont été laissés en place et sont visibles au sous-sol, offrant une immersion poignante dans les rites funéraires du IVe–VIe siècle. Autre élément remarquable conservé in situ : un grand four à chaux circulaire du Moyen Âge, utilisé jadis pour calciner des pierres et fabriquer de la chaux destinée aux constructions. Ce four, constitué de briques disposées en arête de poisson, témoigne de la réutilisation des matériaux antiques à des fins de construction ultérieure. Des projections lumineuses pédagogiques permettent de comprendre son fonctionnement. La présence de ces vestiges sous vos pieds rappelle que le musée lui-même s’élève sur plus de mille ans d’histoire continue, depuis l’hôpital médiéval du XIIe siècle jusqu’au collège Renaissance et à nos jours.
Visites guidées et ateliers
Visite libre avec audioguide
Le Musée Saint-Raymond peut bien sûr se découvrir en autonomie, d’autant qu’il propose un audioguide gratuit pour tous les visiteurs. Disponible à l’accueil, cet audioguide (en français) offre deux parcours sonores au choix. Le premier, au ton léger et plein d’humour, s’adresse aux adultes et ados : il apporte un éclairage original sur des pièces phares (par exemple, il raconte de manière décalée l’histoire du Discobole ou des statues impériales). Le second parcours est spécialement conçu pour les enfants dès 6 ans, guidés par la mascotte du musée – la chouette d’Athéna – qui leur raconte les collections avec des mots simples et des anecdotes adaptées à leur âge. Ces commentaires audio permettent d’enrichir la visite à son rythme, en s’attardant sur les objets qui vous intriguent. Par ailleurs, de multiples panneaux bilingues et écrans interactifs dans les salles complètent les explications, assurant une visite libre confortable et instructive.
Visites guidées variées
Pour approfondir la découverte, le musée organise régulièrement des visites guidées animées par des médiateurs culturels. Ces visites commentées figurent à l’agenda du musée tout au long de l’année. Certaines sont des visites générales du parcours permanent, idéales pour une première approche accompagnée des collections. D’autres sont thématiques ou ciblées : par exemple, une visite flash consacrée au site archéologique sous le musée, des parcours centrés sur une exposition temporaire en cours, ou encore des visites autour d’une thématique précise (mythologie, vie quotidienne, etc.). La plupart de ces visites durent une heure environ et sont proposées en français (parfois en anglais à certaines dates). Selon les cas, elles peuvent être gratuites (notamment lors d’événements nationaux comme les Journées du Patrimoine) ou payantes avec un billet spécifique. Le musée Saint-Raymond organise également des visites guidées de sites antiques toulousains qu’il gère, tels que l’amphithéâtre romain de Purpan ou la crypte archéologique de Saint-Pierre-des-Cuisines, offrant ainsi un regard élargi sur le patrimoine antique de la métropole. Quelle que soit la formule, ces visites accompagnées apportent un éclairage expert et des anecdotes qui donnent vie aux vestiges.
Ateliers et visites en famille
Labellisé « Musée Joyeux » par l’association Môm’Art, le Musée Saint-Raymond accorde une attention particulière aux familles et au jeune public. Tout au long de l’année, et surtout pendant les vacances scolaires, des ateliers pédagogiques et animations sont proposés pour les enfants. Par exemple, les plus jeunes peuvent s’initier de façon ludique à l’archéologie en reconstituant une mosaïque (atelier “petits mosaïstes”), en s’essayant à l’écriture antique ou en participant à des ateliers créatifs inspirés des collections. Des séances de contes et des visites contées sont également organisées, transportant les enfants dans les mythes et légendes de l’Antiquité. Par ailleurs, chaque étage du musée met à disposition des mallettes de jeux à emprunter en début de visite : ces kits contiennent de petits jeux d’observation, devinettes, marionnettes et défis adaptés aux différents âges, pour transformer le parcours en une chasse aux trésors amusante. Régulièrement, le musée propose des week-ends spéciaux « en famille » avec des activités participatives en accès libre, afin de rendre la visite encore plus conviviale pour petits et grands. Grâce à ces initiatives de médiation innovantes, le Musée Saint-Raymond se positionne comme un lieu culturel familial où l’apprentissage de l’histoire se fait en s’amusant.